jeudi 15 décembre 2016

After Fantôme 34

Nous nous retrouverons à l’aube
Mon ami, le ciel aura tombé sa robe
De nuit, et les volcans sous la peau fine
Redeviendront … collines

Nous nous retrouverons à l’aube
Mon ami, pour un dernier techno-volcan
Rallumer une dernière fois
Nos cerveaux qui s’envolent quand

Le bruit tombe, la cloche sonne
Et vibrent nos cages thoraciques
Saturer l’univers, écouter les cyclones
La corde tendue, le beat algorithmique

Nous nous retrouverons à l’aube
Quand tout brillera polychrome
Nous rendrons au ciel sa robe
Nous deviendrons ses fantômes.









vendredi 2 décembre 2016

bienvenue, petit oiseau

bienvenue, petit oiseau
oiseau tout bleu, oiseau tout beau
qu’est-ce que ça fait de naître alors
tu trouves ça stimulant ?
attends, regarde, partout
on se marche dessus.
lui arrache les tripes de l’autre
pour un bout d’antenne télévisuelle
bienvenue, petit oiseau
regarde les grosses centrales
des cancers partout
l’homme est aveugle
regarde, des bouts d’enfants
juste un peu plus vieux que toi
eux aussi étaient les bienvenues
maintenant, il leur manque des bras

ou des pieds, ou la tête même
là-bas, c’est leur mère morte
qui se décompose sur le trottoir
bienvenue, petit oiseau
viens déchiqueter ses restes
ceux qu’on appelle les grands
nous les tendent sur un plateau
d’argent
viens regarder avec nous
les pauvres se noyer
voir les soleils fondre
sur nos rétines brûlées
regarde le monde qui s’entretue
qu’il est beau, ce monde perdu
l’homme qui aime pleure toujours
promets-moi d’haïr, en toute occasion

bienvenue, petit oiseau
sang vicié de mon sang vicié
regarde les goulags gigantesques
les camps de concentration invisibles
c’est beau, un génocide
quand il est fraternel
c’est beau, un génocide,
quand il est fratricide
c’est beau, un génocide
quand il est total
c’est beau, un génocide,
quand il est tolérant
c’est beau, regarde : ici on confond
viol et liberté sexuelle !
comme au siècle passé
regarde, là-bas : on apprend le capitalisme
à des tribus qu’on habille de nos vêtements en plastique !
bienvenue, bienvenue !

bienvenue petit oiseau !
tu trouves ça stimulant ?
regarde ces fils de putes
avec leurs sourires de craie
draguer le peuple
regarde-les porter leur croix
regarde leurs enfants
leurs petits serre-têtes
leurs raies sur le côté
leurs pulls bleu-cyan en laine fine
leurs colliers et leurs gourmettes
regarde-les
ce sont tes ennemis
ne l’oublie pas
et pire que ceux-là :
regarde tes semblables
ceux qui crachent
ceux qui fustigent
ceux qui bash
regarde les cyniques
qui regrettent l’esclavage
alors quoi, les enfants chinois ?
de toute façon, tout le monde les exploite !
tes amis sont les pires, ils te confortent
dans l’idée que tu n’es pas seul
bienvenue petit oiseau,
mais ne sois jamais cynique.

regarde cette famille Syrienne
qui marche au bord du temps
fais comme nous, crache-lui dessus !
ou pire, ignore-la.
ou non, pire encore : respecte-la, pense-la
et va t’avachir devant la télévision
pour reposer ton cerveau
eh, il faut bien reposer son cerveau de temps en temps !
avec tout ce que le monde nous fait voir…
bienvenue, petit oiseau…
abîme-toi
éclate ton cerveau
c’est à la mode : détruis-toi
un suicide doux, discret et progressif :
drogue-toi, saoule-toi
de toute façon, tout le monde le fait !
tu mourras moins con
si tu meurs détruit.

mais regarde, petit oiseau
il est temps que je me taise :
ta mère veut te reprendre
ses bras sont des planètes
vierges de nos saccages
colle-toi contre sa poitrine
tu entendras le bruit du vent
le battement de l’eau
sur la coque de son bateau
elle me l’a juré : sur son bateau,
toi et moi toujours

nous serons les bienvenus.