bienvenue,
petit oiseau
oiseau tout
bleu, oiseau tout beau
qu’est-ce que
ça fait de naître alors
tu trouves ça
stimulant ?
attends,
regarde, partout
on se marche
dessus.
lui arrache
les tripes de l’autre
pour un bout
d’antenne télévisuelle
bienvenue,
petit oiseau
regarde les
grosses centrales
des cancers
partout
l’homme est
aveugle
regarde, des
bouts d’enfants
juste un peu
plus vieux que toi
eux aussi
étaient les bienvenues
maintenant,
il leur manque des bras
ou des pieds,
ou la tête même
là-bas, c’est
leur mère morte
qui se
décompose sur le trottoir
bienvenue,
petit oiseau
viens
déchiqueter ses restes
ceux qu’on
appelle les grands
nous les
tendent sur un plateau
d’argent
viens
regarder avec nous
les pauvres
se noyer
voir les soleils
fondre
sur nos
rétines brûlées
regarde le
monde qui s’entretue
qu’il est
beau, ce monde perdu
l’homme qui
aime pleure toujours
promets-moi
d’haïr, en toute occasion
bienvenue,
petit oiseau
sang vicié de
mon sang vicié
regarde les
goulags gigantesques
les camps de
concentration invisibles
c’est beau,
un génocide
quand il est
fraternel
c’est beau,
un génocide,
quand il est
fratricide
c’est beau,
un génocide
quand il est
total
c’est beau,
un génocide,
quand il est tolérant
c’est beau,
regarde : ici on confond
viol et liberté
sexuelle !
comme au
siècle passé
regarde,
là-bas : on apprend le capitalisme
à des tribus
qu’on habille de nos vêtements en plastique !
bienvenue,
bienvenue !
bienvenue
petit oiseau !
tu trouves ça
stimulant ?
regarde ces
fils de putes
avec leurs
sourires de craie
draguer le
peuple
regarde-les
porter leur croix
regarde leurs
enfants
leurs petits
serre-têtes
leurs raies
sur le côté
leurs pulls
bleu-cyan en laine fine
leurs
colliers et leurs gourmettes
regarde-les
ce sont tes
ennemis
ne l’oublie
pas
et pire que
ceux-là :
regarde tes
semblables
ceux qui
crachent
ceux qui fustigent
ceux qui bash
regarde les
cyniques
qui
regrettent l’esclavage
alors quoi, les
enfants chinois ?
de toute
façon, tout le monde les exploite !
tes amis sont
les pires, ils te confortent
dans l’idée
que tu n’es pas seul
bienvenue
petit oiseau,
mais ne sois
jamais cynique.
regarde cette
famille Syrienne
qui marche au
bord du temps
fais comme
nous, crache-lui dessus !
ou pire,
ignore-la.
ou non, pire
encore : respecte-la, pense-la
et va
t’avachir devant la télévision
pour reposer
ton cerveau
eh, il faut
bien reposer son cerveau de temps en temps !
avec tout ce
que le monde nous fait voir…
bienvenue,
petit oiseau…
abîme-toi
éclate ton
cerveau
c’est à la
mode : détruis-toi
un suicide
doux, discret et progressif :
drogue-toi,
saoule-toi
de toute
façon, tout le monde le fait !
tu mourras
moins con
si tu meurs
détruit.
mais regarde,
petit oiseau
il est temps
que je me taise :
ta mère veut
te reprendre
ses bras sont
des planètes
vierges de
nos saccages
colle-toi
contre sa poitrine
tu entendras
le bruit du vent
le battement
de l’eau
sur la coque
de son bateau
elle me l’a
juré : sur son bateau,
toi et moi
toujours
nous serons
les bienvenus.
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