mardi 14 août 2018

LA PEUR DE LA MORT



                                                         LA PEUR DE LA MORT


Il n’y a plus d'homme sans peur, plus de peur sans la mort
Et plus de mort sans pleurs.
Il n’y a plus une femme libre, plus rien de drôle
Plus de tenailles, que des chaînes invisibles.

Il n’y a plus de douleur que des simagrées émues
Plus de pédés, plus de drogués, plus de suicides
Il n’y a plus de haine, plus de colère
Que de la merde et du pétrole dans les artères.  

Il n’y a plus de voltige, plus un seul œil ne se retourne
Plus de cerveau, plus de sexe et plus de couleurs
Il n’y a plus de déviance, plus de sang sur les murs
Il n’y a plus de tueurs sur la route ni de fumée dans les cocktails

Il n’y a plus de cinéma, plus de musique ni de livres
Il n’y a plus de cœur dans les cerveaux.

Le dernier des sauvages s’est fait pendre
Le jour du noël dernier
Il n’y a plus d’indiens, plus de mirages
Il n’y a que du béton et des poupées.

Le dernier des sauvages s’est fait mutiler
Sur la place de la République
Il n’y a plus de cris, plus personne n’hurle
A voix basse les bonnes gens.

Le dernier des sauvages s’est fait torturer
On lui a enfoncé une barre à mine dans le cul
Tous, un à un, on lui a forcé l’anus
Jusqu’à le transpercer de bas en haut.

Le dernier des sauvages s’est fait violer
Tous un à un, on lui a crevé les yeux
Bouffé les joues avec nos crocs
Et on l’a écouté hurler.

On lui a capitalisé les orifices
Boursicoté les couilles
On a enfoncé nos sexes turgescents
Dans ses narines de sauvage 

Il a tellement hurlé
Cela nous a fait tellement de bien
Nous avons tous joui en cœur
Sur le corps du sauvage

Des millions de jets
De liquides blanchâtres
Ont tâché le sauvage. 

Jusqu'à lui donner
L’odeur de la mort
L'odeur de la mort
L'odeur de la mort. 

Ensuite tout est redevenu
Tel qu’il devrait être
Tout est revenu
à la normale à la normale à la normale 

Le vent est retombé
La mer s’est calmée
La terre s’est arrêtée
Le temps a coulé
Les yeux se sont ouverts
Les cahiers se sont ouverts
On a repris les dictées
Les docteurs ont docté
Les vendeurs ont vendu
Les censeurs censuré
Les dictateurs dicté.
Tout est revenu
A la normale.
Tout le monde a souri
Le dernier sauvage s’est répandu en viscères sur le sol de la place de la République des milliers de mouches lui sortaient de la bouche des milliers de vers lui grignotaient la langue l'odeur de la mort partout les narines éclatées des rats dans les intestins.
Tout le monde est rentré chez soi
Nous avons tous bien mangé
Et notre viande sous vide
Nos yaourts et nos pilules
Nos sodas
Et ensuite on a bien chié dans nos toilettes
On a bien vidé nos intestins de merde dans l’eau potable.
Et puis tous, nous nous sommes mis au lit
Nous avons fermé les yeux
Et tranquillement
En êtres apaisés
Nous nous sommes
Endormis.












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