jeudi 6 août 2020

Les Cernes Cendrées

Fumées épaisses et brûlantes couleurs

Asphyxies lentes et lourdes chaleurs

Les pas des hommes qui ne font pas un pied

Retenus par les chaînes des rieuses libertés

 

Au regard d’un gain de la taille d’un pouce

Ils donnent au labeur ce qui nulle part ne pousse

De l’ardeur, du courage et des bouts de leurs âmes

Pour un jour espérer l'étincelle ou la flamme

 

Et brûler dans un souffle la splendeur éphémère

Des forêts éternelles, du glacier millénaire

Cracheurs d’essence, mercenaires alléchés

Par l’odeur de l’artiche, de la part du marché

 

Du rendement, du profit, l’efficience consacrée

Par-delà les espèces par-delà les rancœurs

Oublieux des principes qui régissent la fierté

De l’homme qui contemple et retrouve son cœur

 

Sous les yeux des guerriers, les cernes cendrées

Rappellent aux vivants l’arrivée des grands Ombres,

A la fleur que tout fane, au radeau que tout sombre

Que le temps vient lisser les rivages du passé.

 

Que feras-tu, lion d’or dans ta tour bancale

Quand l’antilope que tu croyais malade

Se rira de tes pièges cyniques et piteux

Et prendra ses jambes à son cou majestueux ?

 

Que feras-tu, tigre puissant aux dents éméchées

Quand le singe qui imite aura su t’imiter

Fuiras-tu dans ta loge aux rideaux élimés

Feras-tu dans tes frusques comme l’enfant apeuré ?

 

... Et quand finalement l’homme de ses chaînes

Se construira hamac ou panier partageur

Que feras-tu du profit de l’efficience chienne,

Quand les loups partiront, quitteront ta demeure ?