lundi 9 novembre 2015

Onze poèmes

I – MOULINS À VENTS

La nuit dernière je me suis battu
J’étais seul
Ils étaient sept milliards trois cent soixante-cinq mille
Neuf cent vingt-huit.
Cela devient usant
De s’en prendre au monde entier.

II – BATAILLE

Les poings fermés
Le bout des doigts
Contre les paumes
Les yeux ouverts
Le bout des cils
Contre tes poings.

III – HACHE

Tant d’embûches
Pour si peu de feu.


IV – LAIT FRAIS

Hier soir le Livreur De Problèmes est venu
Le même livreur que d’habitude
Celui que je croise
Tous les matins
Il m’a apporté ma dose
De problèmes
Faut dire que je me la coulais douce
Depuis quelques semaines.
Je l’ai remercié
Et l’ai envoyé chez mon voisin
Que j’aime bien

V – Mr MOJO RISING

Elle avait un casque de moto
Un casque de moto de course
Un casque de moto de course avec une visière
Une visière de course.
Un blouson en jean
Qui lui écrasait la poitrine
Sa poitrine
De course.
Un futal qui lui serrait les jambes
Et lui bouffait les fesses.
Elle avait un casque de moto
Un casque de moto de course.
Quand elle a enlevé son casque
Son casque de moto de course
J’ai vu les cicatrices immondes
Et les blessures immuables
Qui lacéraient béantes
L’intérieur de ses yeux
Ses yeux de moto de course.

VI – DIALOGUE

La lumière :
«  Ce n’est pas que j’ai peur du noir
J’ai pas peur du noir.
C’est que je le déteste.
Je hais la nuit.
Comme on aime à la folie.
Comme on aime jusqu’à la folie.
Je n’en ai pas peur
Mais si je pouvais attraper
La fin du jour
Je l’embraserais de passion
Avant de lui planter mon poignard dans le dos.
Je n’ai pas peur du noir
Mais je le hais.
Je l’aime.
À la folie.
Je le hais. »
L’Ombre :
«  Il n’existe que deux choses qui laissent à la lumière
La place qu’elle exige :
Les fissures
Et la nuit.

VII – VOLEURS

Crocheter les portes
Des étoiles
Voler leurs diamants
Aux dieux.

VIII – AMANTS

Crocheter les portes
Des étoiles
Se réfugier
À l’intérieur.

IX – ROIS

Crocheter les portes
Des étoiles
Et se rappeler
Qu’on a la clé.

X – LES FRUITS DES FENDUS

Tu m’avais dit
Qu’on irait manger les fruits
Des fendus.
Tu m’avais dit
Qu’on s’aimerait la nuit
Défendue.
Tu m’avais dit qu’on irait
Jusqu’au bout du chemin
Tu m’avais dit qu’il serait
Le plus beau des chemins
Et quand je nous vois aujourd’hui
Je comprends
Que tu n’avais pas menti.

XI – FANTÔME

Décale-toi
Pendant que j’ouvre les grilles
Viens
Rentrons sur le petit terrain
Regarde le petit étang
Vois le gué et sa rivière
Qui coule doucement
Qui bruisse en chuchotant
Le soleil est doux
La bise est chaude.
Là-bas, tu vois la cabane ?
Et ici, nos reflets dans l’étang.
Tu vois, à ta gauche cet homme qui sourit ?
C’est moi.
Ne m’oublie pas

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