mercredi 12 août 2015

Troubles


When I was really young

Trouble was my middle name

Then I grew up and my first name was More

And then I got old and added a No before it all.




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Then I got bored

And died.

Turbulences


Quelquefois

Au coin d’un feu ou

Après des milliers de bières

Le passé vient pleurer à mon oreille

 

Pas farouche pour un sou

Je le laisse me raconter ses peines

Me déballer ses conneries

Même pas vraiment tristes.

 

Il y a juste des fois où

Quand il ne s’arrête plus

J’ai envie de lui envoyer mon poing

Dans la gueule.

 

Mais j’suis pas rancunier

Alors je l’écoute

Me déblatérer

Ses conneries.

 

Quand c’est le futur qui se pointe

Dans ses chaussons transparents

J’suis beaucoup moins tendre

J’lui envoie des mandales

A décrocher des montagnes.

 

Faut dire que le futur

Il l’ouvre un peu trop

Et qu’il faut qu’il s’habitue

A s’en prendre dans la gueule

A Way Out

It was always a way out
That I was looking for
When I was begging you
To let me in

mardi 11 août 2015

PERCOLATEUR

Les percolateurs sont ces petites machines qui servent à fabriquer le café à partir de grains de cafés moulés au préalable. La méthode est claire et certaine : Vous prenez votre grain. Vous le moulez. Vous récupérer la poudre ainsi produite puis vous la percolez. La percolation, c’est quand le fluide passe à travers le milieu poreux qu’est votre ensemble « Grains de café + Vide entre les grains de café ». Il est intéressant de noter qu’on généralise communément la percolation à l’ensemble des lois qui autorisent le passage d’une information à travers des récepteurs et émetteurs. Dans le cadre du café, l’eau est votre information, les récepteurs sont les grains de café et le « trous de vide » sont les émetteurs. Vous récoltez après cette « percolation » un liquide qui fut de l’eau mais que les émetteurs/récepteurs ont plus ou moins changé selon leur taille, leur force, leur personnalité en un café vous convenant ou pas… La percolation vue de ce point de vue (sic) peut vous permettre d’analyser les situations sociologiques les plus complexes, et vous devriez vous y essayer au lieu de lire bêtement des textes didacticiels que vous jugez de prime abord sans intérêt comme celui-ci qui n’en a pas d’autre que celui de vous encourager à vous renseigner sur la percolation et qui aurait pu tenir finalement en ces maigres mots : « Intéressez-vous au percolateurs ». Quatre mots qui vous auraient sans doute permis de ne pas perdre ce temps certes minime mais néanmoins vital que vous avez employé à me lire. Vous seriez sincèrement abattus si vous vous mettiez maintenant à réfléchir aux conséquences de l’acte irresponsable qu’est perdre son temps avec un texte titré « Percolateur ». Imaginez-vous seulement la force de chaque instant de votre vie, comment la moindre seconde, la moindre petite réflexion anodine, le moindre mot échangé avec un/une inconnu(e) peut, en glissant sur les pentes de votre vie, grossir comme une boule de neige jusqu’à changer radicalement la moindre parcelle de votre petite existence d’humain fatigué de chercher un sens à votre vie comme l’on cherche à récupérer sa salive au fin fond de sa gorge lorsqu’on a la gorge plus sèche que la mort. Toutes ces phrases alambiquées et beaucoup trop longues me filent la nausée même à moi qui les écrit. Les plus admirables d’entre nous – enfin c’est une question de point de vue – (ce n’est d’ailleurs pas le mien) se seront désintéressés de ce texte dès les premiers mots. L’ironie du sort faisant qu’ils se soient comportés en percolateurs absolus, c’est-à-dire qu’ils n’auraient laissé passer aucune information à travers les grains qu’ils ont dans la tête. Ces gens qui se comportent en murs ont des oreilles cassées et la voix ferrée.

Léo.

Bien à vous,

Matt.

Ain't It Strange

It’s strange how you can come to a point

Where it gets easier to burn strangers houses

Than to wake up and go to work.

It’s strange how when the world will end

So many of us

Will take pictures

Of trees in flames

And babies drowned

and share it on the internet.

It’s strange how there’s a line

Between legal and illegal

That’s perpendicular

To the one between good and bad.

It’s strange how my heart can beat

When I see people burning inside

And how happy and quiet people

Make me want to burn their outsides.

It’s strange how when I look into your eyes

The one thing bigger than the sadness I feel

Is how much I want to have sex.

It’s strange to see me

In the mirror

Staring back at me

And having trouble

Realizing

That’s me.

 

I don’t mean to be sceptical or anything

But that’s strange.

REGARDER LES LUCIOLES, S’ETEINDRE DANS LA BRUME.


Le visage est sec. Tendu. C’est un visage d’homme cassé. Les yeux semblent s’être tordus autour d’un nez brisé qu’ils entourent presque. Le regard est triste et résigné, perdu mais fixe, d’un autre temps, et la lumière de la lune le revêt d’une pâleur scintillante, elfique. La peau partout est bouffie par l’âge et le sel, des milliers de rides viennent cisailler chaque commissure. Perché en haut de la falaise, couvert d’un imperméable filiforme qui rappelle la bâche que l’on met sur le bois mouillé, l’homme est arc-bouté au-dessus du vide, dans cet impensable équilibre qui caractérise les gens qui toute leur vie ont ployé sous la contrainte, fut-elle celle du labeur acharné ou de la simple érosion des jours. En bas les vagues viennent clapoter contre les rochers. Depuis la nuit des temps la Mer vient heurter la pierre, conquérante intraitable des terres humaines.

 

A travers la nuit, l’homme projette son regard à l’horizon. Ou plus exactement il le jette, abandonnant son corps en haut de la falaise. Avec son regard s’est envolée son âme, et maintenant elle navigue sur les flots à la manière d’un bâtiment corsaire, majestueuse et branlante, secouée dans tous les sens par les assauts de la houle et du vent, le cap obstinément maintenu vers le large, comme si à l’horizon l’eau s’arrêtait, signifiant la fin du voyage, l’arrivée tant attendue, le but ultime, la chute finale, la mort enfin.  

 

Alors  que l’âme cherche le bord du monde, une brume inquiétante s’y lève, et progressivement vient recouvrir tout l’horizon. Comme un démon renaît de ses cendres et s’étire de toute la démesure de son corps éthéré, la brume s’étend et déploie ses immenses et vaporeux tentacules. Dans un galop irrésistiblement lent, dans un silence assourdissant, elle avance inéluctablement vers la côte. Les flots bruns s’affolent sous son passage, elle est la Menace et l’âme de l’homme s’en revient à son corps, apeurée.

 

                Mais il est trop tard. La terre elle-même est envahie d’un brouillard poisseux, opaque, qui vient diffracter les rayons lunaires pour créer une atmosphère laiteuse, blanchâtre, une étrange nébuleuse qui maintenant entoure le vieil homme comme un malsain nuage. Impossible de trouver le chemin de la maison, et l’ombre de la panique vient le saisir au cœur. Les bras de la brume l’enserrent à présent, et la lame de la terreur vient lui creuser les entrailles. Les mugissements de la mer en bas se font vacarmes chaotiques, les yeux du ciel le foudroient, les oreilles de la terre l’entendent gémir alors que des origines de la Mer naît un navire immense, couleur ombre, flouté par la brume et les embruns. A son bord au pont avant, nerveuse et grimaçante, se tordant les mains jusqu’à s’en retourner les poignets, la mort sourit.   

 

                Quand le vieux gardien de phare plonge du haut de sa falaise, son regard est triste et résigné, perdu mais fixe, d’un autre temps, et la lumière de la lune le revêt d’une pâleur scintillante, elfique.

               

               

               

 

 

ESSAI SUR LE THEME : LES YEUX


Fermés ils laissent l’impression amère d’une entreprise inachevée, d’un immense bâtiment auquel manquent les fenêtres et les portes. Un lieu clos, inhabitable, dans lequel règne la pestilence des rongeurs de l’humide. Et pourtant de l’extérieur, mon dieu quelle beauté ! L’architecture est lisse, subtilement symétrique, élégamment proportionnée, une douce délectation des yeux pour tout expert en la matière. Seules manquent les ouvertures vers le monde, ou plutôt les ouvertures vers l’intérieur. Car à bien y réfléchir, lequel d’entre nous, devant une telle merveille, resterait au perron ? Nous aurions tous, femmes et hommes, enfants et vieillards, envie d’y rentrer, de se blottir dans la douce lumière chaleureuse qui semble régner à l’intérieur.

Ouverts ils éclipsent tout et la divine élégance de l’architecture autour s’efface. Comme l’eau disperse les grains de sable mais laisse à leur place les diamants. Ils sont ouverts, ohé ! Alors tout autour semble être aspiré par cette gravitation insensée, les regards se tournent, les voix se taisent et les bouches s’ouvrent. La lumière elle-même semble changer de direction pour se plonger dans ces deux fenêtres bleues, aux reflets or et vermeils, qui semblent écraser le monde entier sous le poids d’une bienveillance presque humaine. Et quand s’allument à l’intérieur les lustres de sa malice et de son charme, nous donnerions tous notre mère pour être au centre de ce rayonnement presque palpable, ce soleil miniature.



Rieurs ils semblent pouvoir nous faire oublier la misère et la peur, la mort et le temps. A les regarder étinceler de leurs lueurs argentées, on ne peut s’empêcher à notre tour de sourire, et devenir nous aussi, et c’est là leur vraie force, des soleils miniatures.

Humides enfin, ils nous rappellent au gris et à la mélancolie, et à les contempler déborder de larmes nous sentons sur nous l’immense poids de notre insuffisance et l’inutilité complète de nos existences futiles. Nous sommes à les regarder pleurer comme écrasés par les astres que la honte de ce que nous sommes nous empêche de contempler.

Et quand ils se fermeront à jamais, nous nous éteindrons aussi, car alors l’univers pleurera ses soleils favoris.